La sténotypie de conférences garantit la restitution exhaustive d’un discours en un temps record. Depuis plus d’un siècle, les sténotypistes n’ont de cesse d’améliorer leur vitesse de frappe pour atteindre le graal : la saisie à la vitesse de la parole, soit environ 200 mots par minute, et parfois davantage. Reposant au départ sur l’alliance de la mécanique et de l’intelligence humaine, la profession s’est peu à peu appuyée sur l’informatisation pour gagner en efficacité et en productivité. Aujourd’hui l’intelligence artificielle lui offre de belles perspectives. Congrès 2000 vous présente l’épopée de la sténotypie au pays des nouvelles technologies.

Du rouleau papier à la Transcription Assistée par Ordinateur

Depuis l’invention des premiers prototypes de sténotypes (le clavier utilisé par les sténotypistes) au XIXe siècle, les outils et les méthodes utilisés par les sténotypistes ont – bien heureusement – beaucoup évolué. Pour tout savoir sur les origines et l’histoire de la sténotypie de conférences, n’hésitez pas à consulter notre article sur ce sujet.

Le design du sténotype lui-même s’est transformé tout au long du XXe siècle. Il suffit de se rendre sur le site du fabricant américain Stenograph pour contempler presque 150 ans d’évolution : matériel allégé grâce à de nouveaux matériaux comme le plastique, ajouts de fonctionnalités (écran) à la fin du XXe et, bien sûr, connectivité au XXIe siècle.

Par ailleurs durant plusieurs décennies, les sténotypistes (ou leurs collaborateurs/collaboratrices) ont patiemment retapé à la machine le texte transcrit en sténogrammes sur des kilomètres de rouleaux. Dès les années 1960, l’idée de la Transcription Assistée par Ordinateur (TAO) est apparue et des expériences furent menées. Mais ce n’est qu’en 1978 que l’entreprise américaine Stenograph se mit à commercialiser les premiers systèmes de TAO. Au milieu des années 80, les premiers ordinateurs personnels firent leur apparition et avec, le premier logiciel de sténographie capable de travailler sur de tels systèmes.

En France, c’est en 1986 et en collaboration avec Marc Grandjean, qui a fondé l’école du même nom, que la société IBM déposa un brevet de procédé de transcription automatique de la sténotypie qui aboutira à la création du logiciel TASF+ (Transcription automatique de la sténotypie en langue française). Parallèlement, l’entreprise de Marc Grandjean avec l’aide de l’Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR), dotait ses claviers de sténotypie d’un module capable de capter les signaux électriques pour transmettre directement les sténogrammes à un micro-ordinateur. D’autres logiciels furent développés ensuite par différentes sociétés, en France et à travers le monde :  Eclipse, Stentor, Tiro…Ces logiciels de TAO constituent une véritable révolution dans la profession.

Dans un article publié dans la revue parlementaire canadienne en 1991, le sténographe parlementaire Ron Tremaine souligne l’ampleur du changement apporté par la TAO dans le fonctionnement des équipes responsables des comptes rendus du Sénat canadien. De 1916 à 1990, le compte rendu textuel des délibérations pris par les sténotypistes (dénommés sténographes au Canada) était alors dicté à des copistes qui le dactylographiaient. La TAO bouleversa cette collaboration entre copistes et sténographes jusqu’alors très soudés… probablement à force de longues nuits de séances de travaux parlementaires !

Comment fonctionne un logiciel de transcription assistée par ordinateur ?

Un autre article paru le 1er juin 1988 (réservé aux abonnés) dans le journal Le Monde explique, à propos du nouveau logiciel TASF que “cette nouvelle application est une retombée des travaux menés sur la dictée automatique de textes à un micro-ordinateur.” Le décryptage des signes de sténotypie constituait un excellent test, tout en mettant de côté le problème complexe de la reconnaissance des sons. Pour chaque sténogramme, le logiciel allait chercher dans un dictionnaire les mots commençant par cette syllabe et coïncidant avec la suite de la sténotypie. Plusieurs mots pouvant se trouver dans ce cas, les chercheurs d’IBM ont utilisé un modèle mathématique de la langue française, de type probabiliste (modèle de Markov).

Les logiciels de transcription assistée par ordinateur permettent en effet la traduction en langage clair des sténogrammes pris à partir du clavier sténographique. Ces fonctionnalités sont pensées pour faire gagner un maximum de temps au sténotypiste ou au relecteur avec une ergonomie optimale. Les données envoyées à l’ordinateur sont comparées à celles contenues dans un dictionnaire sous forme électronique qui associe à chaque combinaison de touches – ou à une séquence de combinaisons – un mot, un acronyme ou une commande de formatage.  Pour une démonstration en image du fonctionnement de la TAO, visionnez cette vidéo.

Un dictionnaire de TAO contient donc des dizaines de milliers d’entrées avec deux champs : un champ sténogrammes et les correspondances en mots.  Si l’on prend l’exemple du logiciel Eclipse aujourd’hui enseigné dans l’école de sténotypie Grandjean, il est aujourd’hui en mesure d’effectuer des propositions automatiques. Grâce à une phonétique intelligente, Eclipse est particulièrement performant pour reconnaitre le sens de la phrase et proposer la bonne forme grammaticale selon le contexte. Eclipse dispose de nombreuses autres fonctionnalités qui facilitent la vie du sténotypiste et des rédacteurs/relecteurs : la synchronisation du son et de la frappe facilite la réécoute ; des raccourcis clavier simplifient la correction et la rendent plus ergonomique. Eclipse est surtout particulièrement adapté à la prise en temps réel et au sous-titrage : par exemple, un sténotypiste et un relecteur peuvent éditer un document simultanément puis afficher le sous-titrage en direct avec seulement quelques secondes de décalage avec le discours oral. Eclipse permet aussi la traduction simultanée du texte dans un autre langage, automatise le formatage des chiffres, etc.

Sténotypistes de conférences et nouvelles technologies : amis ou ennemis ?

Disons plutôt qu’elles se challengent ! Par exemple, dans les années 80, les enregistreurs ont fait chuter le recours à la sténotypie mais l’apparition de la TAO a en grande partie compensé ce phénomène.

Les progrès réalisés dans le monde de la sténotypie vont tous dans le même sens : permettre aux utilisateurs d’effectuer leurs corrections avec un minimum de manipulations. L’objectif : sortir une transcription impeccable du discours, quasi en simultané,  pouvant servir aussi bien de sous-titrage en direct pour les sourds et malentendants, que de support pour la rédaction d’un compte rendu écrit.

Certains peuvent s’interroger : à l’heure du développement de la reconnaissance vocale, les nouvelles technologies peuvent-elles remplacer complètement les sténotypistes et les relecteurs ? Certes, la reconnaissance vocale est très efficace dans le cadre d’une dictée ou même pour sous-titrer une vidéo avec un locuteur unique. Mais cela n’a rien à voir avec un débat mouvementé entre de multiples protagonistes. L’être humain a ses limites mais la technologie également et, heureusement, elles ne sont pas les mêmes. Un logiciel de reconnaissance vocale ne pourra pas nommer les intervenants, ni tendre l’oreille car une personne n’a pas allumé son micro, ni interpréter l’accent méridional de telle autre, ni comprendre les multiples acronymes ou le jargon professionnel propres à chaque entreprise et secteur d’activité.

Souhaitons à la sténotypie et aux nouvelles technologies une relation longue, riche et complémentaire !

Pour faire appel à des sténotypistes au fait des dernières technologies pour vos transcriptions, comptes rendus de réunion et sous-titrages en direct, n’hésitez pas à contacter les bureaux de Congrès 2000.


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